samedi 12 novembre 2011

Hugo BALL. Tenderenda

Fondateur du Cabaret Voltaire à Zurich et du mouvement Dada, Hugo Ball a écrit ce roman alors que la Première Guerre mondiale éclatait. Il livre une satire féroce sur le conformisme ambiant et les horreurs de la guerre. Son personnage, joueur et provocateur, rencontre, au fil du récit, d'autres protagonistes avec lesquels il aborde les questions importantes de la pensée du début du XXe siècle et d'un possible renouveau d'une tradition vivante qui ne conduirait pas l'individu sur les chemins de la destruction. Un roman surprenant par sa forme puisqu'il emprunte aussi à la technique du montage et à celle du détournement, et contient plusieurs poèmes en prose.


Extrait :

“ Franche irruption ou expectoration du personnage principal. L’auteur le qualifie de fantasque et s’intitule lui-même, à sa manière hyperbolique, “poète de l’Église“. Il se dit aussi “chevalier en papier glacé“, faisant ainsi allusion à l’accoutrement donquichottesque dans lequel il aimait se déplacer de son vivant. Il avoue être las de sa gaieté et supplie le ciel de lui accorder sa bénédiction. On louera particulièrement et à juste titre la formule de bénédiction, dont la tonalité sereine rend compte de la nature de danseur céleste de Tenderenda. Comme il introduit des chimères dans l’écurie, on pourrait le tenir pour un exorciste. Les pièges du diable, auxquels la bénédiction fait allusion, sont ces fantasmes dont se plaignait déjà saint Amboise, et de l’abjuration desquels un autre saint fait la condition de l’entrée dans l’état monastique. À part cela, Tenderenda se trouve dans une disposition élégiaque et les masses l’effraient. Les jeux de mots, merveilles et aventures ont brisé sa résistance. Il aspire à la paix, au silence et à l’absence latine. ”
chapitre XIII, Laurentius Tenderenda
http://www.lekti-ecriture.com/editeurs/Tenderenda-le-fantasque.html