lundi 25 juillet 2011

WALTER CONRAD ARENSBERG. DADA est américain

Louis STEVENS, W. C. ARENSBERG, Marcel DUCHAMP
Dada est américain

Le cubisme est né en Espagne ; la France s'en est approprié les brevets sans garantie du gouvernement. Malheureusement, comme les allumettes françaises, le cubisme ne prend pas ; les surfaces de la boîte manquent de phosphore. M. Rosenberg est en train de fabriquer une boîte énorme, mais les allumettes qu'il y cache sont mouillées, surnageant sur un liquide moisi.

Le cubisme était espagnol, il est devenu alsacien-lorrain, il danse sur les tapis rouges officiels de quelques galeries parisiennes et mercantiles.

Impossible pour lui de crier : Vive DADA ; c'est un poitrinaire sur une chaise-longue ; toute jeunesse s'est envolée de ses yeux méchants ; il ne fait penser à cette vieille dame, Roch Grey, qui n'aime pas les enfants et parle avec le plus grand mépris des pouponnières.

J'ai été obligé de parler un peu du Cubisme, ayant été un de ceux qui attendaient beaucoup de ce mot géométrique; je suis forcé d'avouer ma désillusion et, en même temps, ma joie à contempler DADA, le représentant mondial de tout ce qui est jeune, vivant, sportif ; Dada dont la religion ne sont pas d'une cathédrale appendicite.

DADA est américain, DADA est russe, DADA est espagnol, DADA est suisse, DADA est allemand, DADA est français, belge, norvégien, suédois, monégasque. Tous ceux qui vivent sans formule, qui n'aiment des musées que le parquet, sont DADA; les murs des musées sont Père Lachaise ou Père la Colique, ils ne seront jamais Père Dada. Les vraies œuvres Dada ne doivent vivre que six heures.

Moi, Walter Conrad Arensberg, poète américain, je déclare que je suis contre Dada, ne voyant que ce moyen d'être sur dada, sur dada, sur dada, sur dada. Bravo, bravo, bravo. Vive Dada.

Walter Conrad Arensberg.

New-York 33 Ouest 67 street.